Beauvau de la sécurité : Recrutement et formation
Troisière table ronde : interventions de Georges KNECHT
"Je voudrais intervenir sur la partie qui nous concerne directement à savoir que la police nationale c’est, comme je le répète déjà depuis plusieurs semaines, un certain nombre de personnels actifs : gardiens de la paix, officiers, commissaires mais aussi 24000 personnels administratifs, techniques, scientifiques.
Les départs massifs dont vous avez parlé tout à l’heure, on va les rencontrer aussi et il y a des enjeux importants pour avoir des personnels aux profils intéressants, pour les attirer et les fidéliser au sein de notre maison police.
Alors j’ai entendu parler plusieurs intervenants sur trois points essentiels : le capital marque, la communication et la culture.
Sur la communication et le capital marque :
Nous on a un problème, c’est que les personnels administratifs, techniques et scientifiques… scientifiques un peu moins avec les séries télévisées… mais les administratifs et les techniques sont très peu connus. C’est à dire qu’à l’extérieur très peu de nos concitoyens savent qu’en police il y a des personnels administratifs, qu’il y a des personnels techniques.Il faut le faire connaître. Il faut savoir qu’il y a des emplois en police dans ces activités de soutien et aujourd’hui ça n’est pas connu.
Il y a une communication à faire déjà sur ce point.
Parce qu’on est 24 000 et avec les objectifs de substitutions, on doit représenter plus à l’avenir et donc l’enjeu de recrutement est essentiel pour avoir des bons profils.
Ensuite je voudrais revenir sur la culture :
Faut savoir qu’avant on rentrait en police, même administratifs, techniques et scientifiques, par conviction. On était fier de rentrer en police. On passait un concours d’administratif de police, de technique de police et on était fier de cela.
Aujourd’hui, on a laissé place avec les fusions de corps, les interministérialités etc...
Ca fait parti des réformes comme celles qui ont conduit à supprimer les effectifs dans la police ces dernière années. Des réformes qui sont uniquement budgétaires mais aujourd’hui ça forme plutôt des pions interchangeable entre administration mais pas des véritables serviteurs de la maison police. Des gens qui comme avant rentraient pour servir l’institution et y faire carrière.
Donc aujourd’hui il faut absolument valoriser ces emplois parce que (même ce qui avait préservé les emplois d’administratifs, techniques et scientifiques de police au niveau de l’aspect géographique puisqu’on a tout de même un maillage territorial assez vaste et sur ce point là on avait réussi à maintenir une certaine attractivité) avec l’apparition du RIFSEEP, on constate qu’on a des gens qui vendent leur profil, négocient leur rémunération dans le cadre du RIFSEEP et partent dans d’autres administrations.
Donc on a un petit peu avec ces réformes favorisé les intérêts particuliers opportunistes plutôt que l’intérêt général de la maison police donc si on résume bien il faudrait arriver à recruter des gens qui ont envie de servir et pas des gens qui ont envie de se servir.
Pour ça il faut favoriser les emplois, les faire connaître, attirer les gens sur ces emplois et les garder, les fidéliser. La formation devrait être valorisante et diplômante mais attention, l’erreur de la RGPP ça a été cela, le service publique ne doit pas être géré comme le secteur marchand."
"Il y a des choses qu’il faut absolument que je dise aujourd’hui. J’ai fourni un document à l’administration de plusieurs pages aussi sur le sujet donc je ne vais pas m’éterniser là dessus par contre (...) je commencerai par une phrase d’un ancien directeur de la formation de la police nationale qui était Emile PEREZ, qui lors du premier comité de suivi de la réforme des corps et carrières de 2004 a dit : « on est en avance sur la formation des actifs par rapport aux autres ministères, on est très en retard sur les personnels administratifs, techniques et scientifiques ».
Ca c’était en 2004…
En 2007, on a fusionné les attachés de police avec les attachés du ministère de l’intérieur.
En 2010 on a fusionné les catégories C et B et ensuite on a purement et simplement fait disparaître l’INFPATS qui était l’institut de formation des personnelles administratifs, techniques et scientifiques de police.
Donc à l’époque faut savoir qu’on avait quand même des formations de plusieurs semaines pour les catégories C, on avait plusieurs mois pour les catégories B, pour les catégories A.
Les secrétaires administratifs partaient en stage en immersion en sécurité publique, en police judiciaire, pour voir comment ça fonctionnait. Les attachés avaient même plusieurs semaines de coopération avec les commissaires au sein de l’ENSP de St-Cyr-Mont-d'Or et au moins on sortait de là on savait comment fonctionnait la police, comment elle tournait, comment les services s’organisaient et on se connaissait les uns les autres en police.
Depuis on a été sacrifié sur l’autel budgétaire, on n'a plus que des formations de quelques jours, une formation très large qui fait de nous des pions interchangeables au sein de la fonction publique et c’est vraiment dommage parce qu’il n’y a plus cette culture police dont on a parlé tout à l’heure et ces convictions en prennent un coup et c’est la police qui en paie le prix aujourd’hui.
On passe même des concours interministériels aujourd’hui c’est à dire qu’on ne sait pas si on est affecté en police ou à l’éducation nationale donc en matière de convictions et d’attractivités c’est compliqué parce qu’on a des gens, couramment, qu’on voit arriver, issus de concours, et à peine arrivés ils n’ont qu’une seule envie, c’est de repartir."